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Antonio Guterres appelle les juntes à rendre le pouvoir aux civils en Afrique de l’Ouest

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé, dimanche, à Dakar, les juntes militaires au Burkina Faso, en Guinée et au Mali à rendre le pouvoir à des civils “dans les délais les plus brefs” et a exhorté les pays riches à “passer aux actes” face à l’urgence climatique et à s’acquitter de leurs promesses d’aide financière aux pays en développement.

Le secrétaire général de l’ONU a souhaité, dimanche 1er mai, que les juntes militaires au Burkina Faso, en Guinée et au Mali s’effacent au plus vite, et a exhorté les pays riches à tenir sans tarder leurs promesses d’aide au Sud face à l'”urgence climatique”.

“Nous avons convenu de l’importance de poursuivre le dialogue avec les autorités de facto [à Ouagadougou, Conakry et Bamako] afin d’instaurer le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais les plus brefs”, a déclaré Antonio Guterres à Dakar, après avoir rencontré le chef de l’État sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA).

Fragilisée par la crise sahélienne, l’Afrique de l’Ouest a été encore un peu plus déstabilisée par les coups d’État militaires survenus successivement au Mali (août 2020 et mai 2021), en Guinée (septembre 2021) et au Burkina Faso (janvier 2022).

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a imposé en janvier de lourdes sanctions contre le Mali, après le refus manifeste des putschistes de rendre rapidement le pouvoir aux civils, et menacé Conakry et Ouagadougou du même sort si elles s’entêtent à vouloir faire traîner la transition au-delà d’un délai “raisonnable”.

Mais les militaires au pouvoir au Burkina Faso et en Guinée ont adressé, cette semaine, une fin de non-recevoir aux exigences de la Cédéao, Ouagadougou réaffirmant un calendrier de transition de trois ans quand la junte guinéenne a annoncé un intérim de “39 mois”.

Saluant en l’Union africaine un “modèle en matière de coopération régionale”, Antonio Guterres, qui doit se rendre après le Sénégal au Niger et au Nigeria, a dit avoir évoqué avec Macky Sall “les efforts conjoints contre le terrorisme et l’extrémisme violent” en Afrique de l’Ouest.

Il a dit son attachement “à des opérations africaines de paix et de lutte antiterroriste robustes mises en œuvre par l’Union africaine et appuyées par l’ONU”, sur le modèle de plusieurs opérations en cours en Afrique, au Mali notamment.

“Grave faillite morale”

Ce pays est depuis 2012 l’épicentre de l’instabilité sahélienne. Les violences jihadistes parties de son territoire ont gagné ses voisins du Burkina Faso, au sud, et du Niger, à l’est.

Jugeant que “l’urgence climatique […] accroît le risque sécuritaire”, Antonio Guterres a rappelé que les pays africains étaient “souvent les premières victimes” d’un réchauffement planétaire dont ils ne sont “pas responsables”, et que les pays développés s’étaient engagés à aider les pays du Sud à financer leur “transition vers les énergies renouvelables et les emplois verts”.

“Il est temps de passer aux actes. Il est temps de tenir la promesse des 100 milliards de dollars par an faite à Paris”, a-t-il martelé.

Cet engagement – non tenu à ce jour – d’un financement de 100 milliards par an des pays développés à destination des pays pauvres à partir de 2020 a été pris lors de la signature, en 2015, de l’accord international sur le climat de Paris visant à limiter le réchauffement de la planète.

Antonio Guterres a également abordé la question des conséquence de la guerre en Ukraine sur l’Afrique, où ce conflit, a-t-il dit, “aggrave une triple crise : alimentaire, énergétique et financière”.

Sur ce point, Macky Sall a évoqué les “impacts dramatiques” de la guerre “sur les économies […] des pays en développement” et les “menaces de famine” qui en découlent pour l’Afrique.

“Nous pensons qu’il faut une désescalade sur le théâtre ukrainien et [l’Afrique] travaillera dans cette perspective”, a-t-il assuré. 

Pour permettre aux pays du continent de faire face, Antonio Guterres a exhorté une nouvelle fois les institutions financières internationales à mettre en place “de toute urgence […] des mesures d’allègement de la dette […] afin que les gouvernements puissent éviter le défaut de paiement et investir dans les filets de sécurité sociale et le développement durable pour leurs populations”.

Avec AFP

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