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Correspondance Covid-19 : la touche artistique pour vaincre le Coronavirus

La pandémie de Coronavirus a suspendu de manière brutale les cours dans le système éducatif sénégalais. Pour pallier cela, l’artiste plasticien Djibril Diop a eu l’idée d’initier le projet Correspondance Covid 19.

Par Fatou Dramè

Documenter le vécu des jeunes durant la période de pandémie du Coronavirus, tel est le vœu de Djibril Diop, artiste plasticien. « En plein arrêt du transport interurbain, j’étais en train d’envoyer un colis vers Mbacké, que je transmettais d’ordinaire par Allo Taxi ». C’est alors qu’il s’est remis dans « le contexte du temps où pour faire parvenir un message, il fallait écrire une lettre et attendre des jours, parfois des mois, avant de recevoir une réponse ». A l’entendre parler, Djibril a la nostalgie de ce temps. «La correspondance épistolaire avait son charme. On appréhendait les mots écrits différemment de l’expression verbale et c’était par la même occasion un bon moyen de parfaire sa calligraphie, son orthographe, sa grammaire », regrette-t-il.

Conscientiser la jeunesse

   Djibril Diop est parti du postulat que la pandémie de Covid-19 pouvait être un pretexte idéal pour pousser les jeunes à exprimer leur vécu durant cette période particulière. Tout cela,  à travers le dessin et l’écriture et via le moyen de correspondance qu’est la Poste.

   Et c’est pour cela qu’il veut documenter le vécu des jeunes car il s’est pris d’empathie pour ses élèves « Au moment de l’arrêt des cours, je me suis toujours demandé comment mes élèves passaient leur temps. On ne s’en rend pas toujours compte, mais la situation que l’on vit est exceptionnelle et sans précédent». L’artiste plasticien pense à cet effet qu’ « à coup sûr, la Covid-19 marquera l’histoire et on en parlera encore pendant des décennies. Et dans quelques décennies, ce sont les plus jeunes qui seront là pour en témoigner. C’est pourquoi il est important de recueillir leurs points de vues.

Des collèges en correspondance

   Les quatre collèges à participer à ce projet sont le Cem Keur Don Bosco où il est professeur, le Cem Thiaroye Azur, le Cem de Mboro ainsi que le Cem de Bakel. Avec l’appui de «Du Benn», un collectif d’artistes dont il fait partie et composé de Djibril Ndiaye, Assane Sarr, René Gomis, Moustapha Badiane et Papa Amady Ndiaye le manager, un stock de matériels a d’abord été mis à la disposition des quatre collèges ciblés. A l’issue de la sélection des potaches, une cinquantaine d’élèves de la 6ème à la 3ème a été retenue. Papis Diop indique que cela s’est fait en 3 phases. Pour la première phase, «Chaque élève s’est vu attribuer un correspondant. Nous mettons évidemment beaucoup de rigueur au respect des mesures barrières en classe», précise-t-il.  Ensuite «Les élèves de deux collèges Cem Thiaroye et Cem Mboro, Keur Don Bosco et Cem Bakel ont correspondu d’abord à travers une lettre écrite où ils expriment leur vécu depuis le début de la pandémie, ce qu’ils vivent chez eux, quand ils sortent, ce qu’ils voient à la télé etc.». Pour ce qui est la phase picturale chaque élève s’est exprimé à travers des dessins. «Bien que le thème principal reste la Covid-19, on a tenu à ce qu’ils aient une grande liberté d’expression aussi bien à travers les techniques utilisées que dans le contenu des dessins», tient-il à noter. 

Notons que ce projet a été retenu par l’Institut Français de Dakar dans le cadre d’un appel à projets qui s’adressait aux structures souhaitant développer des initiatives artistiques, innovants et citoyens de sensibilisation sur le Coronavirus concerne les quatre collèges.

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