www.enligne.sn

Mohamed M. Diagne évalue les risques d’une candidature non consensuelle à Bby

Dans cet entretien paru ce jeudi 6 juillet dans Tribune, Mohamed Moustapha Diagne, membre fondateur de la coalition Macky 2012, envisage des pistes de survie pour la mouvance présidentielle suite à la décision chef de l’Etat de ne pas être candidat en 2024. Entretien. 

En tant qu’allié du président de la République quelle lecture faites-vous de sa décision de ne pas être candidat en 2024 ?   

Par rapport à notre compagnonnage avec le chef de l’Etat, nous avions à un certain moment anticipé en posant trois hypothèses. La première hypothèse, c’était que le président décide de se représenter en 2024. La deuxième c’était qu’il ne se présente pas, et la troisième c’était que les élections soient reportées. C’est sur cette base là que nous avions créé la Grande Offensive Républicaine (Gor) en disant que nous n’avons pas de candidat, puisque même si le chef de l’État décidait de se représenter, le compagnonnage vécu au sein de Macky 2012 ne nous a pas été favorable.  Les membres fondateurs de Macky 2012 avait été pratiquement écartés de la réalité du pouvoir. Nous l’avons dénoncé. Aujourd’hui j’estime que c’est une très bonne chose qu’il décide de ne plus se représenter. Le chef de l’État a fait le choix d’écouter sa conscience. Sa conscience lui a dicté que pour la paix, la stabilité du Sénégal, il fallait renoncer à une autre candidature. Nous estimions qu’il avait le droit de se présenter, mais il ne s’est pas représenté pour l’intérêt supérieur du Sénégal. C’est une très bonne chose.  Il est entré par la très grande porte. Il va sortir par la très grande porte. Il faut le magnifier. Maintenant certains disent que c’est à cause de pressions… Tout ça ce n’est pas important. Ce qui est important c’est qu’il s’est fait violence. Il a fait le sacrifice de faire passer le Sénégal avant sa propre personne. C’est ça que l’histoire va retenir.   

A quel candidat apporterez-vous votre soutien en 2024 ?  

Nous estimons que ce qui est préférable c’est que notre mouvance conserve le pouvoir pour assurer la continuité du Programme Sénégal Emergent dont l’ancêtre est le Yoonu Yokkuté que nous même, Macky 2012, avions produit à l’époque. Maintenant, si nous avons un accord avec le président de la République, en tant que coalition Gor, pour continuer à travailler ensemble dans le cadre d’une candidature consensuelle, bien évidemment on pourrait assurer la pérennité du Pse. C’est ça que nous souhaitons.    

Cette candidature consensuelle au sein de la mouvance présidentielle a l’air d’être un véritable casse-tête. Sera-t-il facile de trouver un candidat reconnu et soutenu par tous ?   

Mais pas du tout. Ce ne sera pas facile. Il nous faut un candidat de consensus. S’il n’y a pas de candidat de consensus, il est clair que nous allons vers l’implosion. Il n’y a aucune coalition qui va accepter qu’on lui impose de candidat issu de schémas que tout le monde ignore. Le président Macky Sall, en 2011, on avait discuté sur un programme. Il y avait d’autres candidats. Nous l’avons choisi. Non seulement sur la base d’un programme, mais aussi sur la base de son image, de sa probité morale et de sa dimension intellectuelle. C’est cela un candidat. Un candidat doit être charismatique. Il doit être exempt de tout reproche, surtout en termes de gestion des deniers publics. Il y a des choses sur lesquelles on ne peut pas transiger. Ce qui est préférable, c’est que le candidat soit discuté et qu’il ne soit pas imposé. Il ne faudrait pas aussi qu’à l’Apr on pense qu’il y a des gens qui sont nés pour diriger les autres. Il faut qu’on discute, qu’on voit parmi nous quel est le meilleur profil, qu’il soit de l’Apr ou d’un autre ensemble hors Apr. Ce qui est important c’est que nous soyons d’accord sur un minimum de critères à appliquer à ce candidat-là. Nous voulons bien continuer dans la mouvance, mais évidemment nous mettrons des critères rigoureux pour le choix du candidat. Sinon, évidemment, nous prendrons nos responsabilités, ça c’est clair.   

Etant donné que le président de la République a levé le suspense autour de sa candidature, pensez-vous que cela pourrait contribuer à apaiser le climat politique en perspective du scrutin de 2024 ?    

Oui. Je pense que maintenant toutes les conditions sont réunies pour que nous allions avoir des élections apaisées puisque qu’il n’y a plus l’ombre d’un doute sur la transparence des élections au Sénégal. Ici, les élections, depuis longtemps, sont libres, transparentes. Les Sénégalais savent voter et savent choisir un président de la République. Ça, ils savent le faire. Peut-être que les Sénégalais se trompent dans des élections territoriales ou dans des élections de liste, souvent. Dans les listes, on peut mettre n’importe qui. Mais pour l’élection présidentielle, l’électeur sénégalais est très regardant. Maintenant il n’y a plus de raisons pour que l’opposition se mette dans des bravades.  Pour ce qui concerne Ousmane Sonko, j’ai dit depuis longtemps que le Pastef doit regarder la réalité en face : la réalité c’est que Sonko ne sera pas candidat. Vous ne pouvez pas prendre quelqu’un qui a été condamné sur deux affaires différentes, qui a perdu son éligibilité pour dire qu’il sera quelqu’un d’avoir candidat. Ça, ce n’est pas possible, ce n’est pas viable. Khalifa Sall est allé en prison non ? Le président Abdoulaye Wade charismatique est allé en prison. Si Sonko ne va pas en prison, il vaut mieux fermer les cours et tribunaux. Parce que dans son cas maintenant il s’agit de la préservation de l’État de droit.  

Comment appréciez-vous l’issue du dialogue national ?  

Moi je dis que ça a été une très bonne chose. Nous avons le choix entre deux alternatives : ou bien s’asseoir, discuter dans le cadre d’un dialogue, ou bien s’affronter. Et dans l’affrontement personne ne serait indemne. Quand nous devons aller aux élections, il faut qu’on discute des règles qui encadrent la compétition. Et ce n’est pas la première fois qu’on le fait. Là le parrainage a été revu à la baisse. On a discuté du sort de certains condamnés pour voir dans quelles conditions on peut revoir la loi pour leur permettre de participer. Ça a été fait. Je dis que c’est une excellente chose. Vraiment, ces choses-là il faut bien qu’on en discute. On en a discuté. Maintenant, le Sénégal a avancé. Khalifa Sall et Karim Wade ont bénéficié de ce dialogue. Ils ont purgé au moins une partie de leur peine. Maintenant, si les Sénégalais sont prêts à élire des gens qui ont cannibalisé des deniers publics, ça c’est la responsabilité des Sénégalais. Il demeure constant que Khalifa Sall et Karim Wade ont cannibalisé les deniers publics avec des sommes qui pouvaient construire des routes, des écoles ou des hôpitaux. Ça, on ne l’oublie pas mais quand même, pour la paix du Sénégal, on peut passer l’éponge et demander aux Sénégalais s’ils sont prêts à élire de tels candidats. Quoi qu’il en soit il faut retenir que dialoguer vaut mieux s’affronter, c’est le principe.  

Votre avis