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 “Le patrimoine africain n’est pas encore reconnu à la hauteur de son importance historique humaine et naturelle” (Audrey Azoulay)

Message de Mme Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, à l’occasion de la Journée du patrimoine mondial africain (5 mai 2022)

Il y a 50 ans, les États membres de l’UNESCO se réunissaient pour adopter la Convention sur le patrimoine mondial qui constitue, encore aujourd’hui, la clef de voûte de la coopération culturelle internationale.

En 1978, cet instrument essentiel entrait enfin en état de marche : pour la première fois, 12 sites étaient inscrits sur la Liste du patrimoine mondial ; et, parmi eux, trois sites africains – soit un quart de cette première sélection.

Aujourd’hui, pourtant, l’Afrique subsaharienne ne représente plus qu’un dixième environ des sites inscrits : le patrimoine africain, dont nous célébrons aujourd’hui la valeur exceptionnelle, n’est pas encore reconnu à la hauteur de son importance historique, humaine et naturelle.

Pour relever ce défi, en redonnant toute leur place au génie humain et à l’œuvre de la nature en Afrique, l’UNESCO a placé ce continent au cœur de sa stratégie en faveur du patrimoine mondial. Il s’agit, en un mot, de repenser la manière dont nous mettons en œuvre la Convention, pour faire face aux défis qu’elle affrontera au cours des 50 prochaines années – et pour réaliser, enfin, l’idéal d’universalité dans la singularité qui constitue le socle du patrimoine mondial.

C’est en effet par sa singularité profonde, sa diversité et sa richesse que le patrimoine africain s’élève à l’universel et nous interpelle.

Ce sont, par exemple, ces huit mosquées de style soudanais, en Côte d’Ivoire, qui ont rejoint la Liste du patrimoine mondial l’année dernière – et dont les contreforts de terre se dressent face au spectateur ébahi, incarnant la prospérité de l’empire du Mali, et l’intensité des échanges, matériels et intellectuels, qui ont fleuri au cœur du Sahara pendant des siècles.

C’est aussi le parc d’Ivindo, au Gabon, lui aussi inscrit l’année dernière – où viennent trouver refuge l’éléphant des forêts, le crocodile à long museau, et tant d’espèces menacées qui nous rappellent à tous, où que nous soyons, l’urgence climatique à laquelle le monde fait face.

Pour que ces sites continuent de nous interroger et de nous émerveiller, l’UNESCO intensifiera ses efforts auprès des États africains, des experts et des communautés locales qui en sont les gardiens.

Afin que les sites africains, qui représentent près de 40 % des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril, soient mieux protégés et continuent de nous servir de repères, dans les 50 ans qui viennent.

Et pour mieux reconnaître ce patrimoine africain et qu’il enrichisse notre patrimoine mondial, nous ferons en sorte que d’ici à 2025, tous les États africains qui le souhaitent aient soumis au moins une demande d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial– avec l’appui scientifique et logistique de notre Organisation. 

En cette Journée du patrimoine mondial africain, je vous invite donc à découvrir ces sites de notre patrimoine commun, et à participer aux célébrations organisées partout dans le monde. Et bientôt, au Forum africain des jeunes du patrimoine mondial que le Royaume du Maroc s’est généreusement proposé d’accueillir – où pourront se rencontrer et échanger les nouveaux défenseurs du patrimoine africain.

Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO

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