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Le déficit d’investissements en faveur des énergies propres en question

De nouvelles recherches montrent que d’ici à 2030, le manque chronique de financements dont pâtissent l’Afrique subsaharienne et l’Asie empêchera plusieurs milliards de personnes d’accéder à l’électricité et à des moyens de cuisson non polluants ; Les grands dirigeants mondiaux qui se réuniront dans le cadre de la COP26 pour assurer une transition énergétique juste doivent prendre des mesures immédiates pour accélérer les investissements en faveur des énergies propres dans les pays en développement.

La dernière série de rapports Energizing Finance (https://bit.ly/2YTzOiX) – élaborée par Sustainable Energy for All (SEforALL) en partenariat avec la Climate Policy Initiative (CPI) et le cabinet Dalberg Advisors – révèle que pour la septième année consécutive, les investissements mondiaux sont sérieusement inférieurs aux niveaux requis pour garantir à tous l’accès à l’énergie d’ici à 2030.

Le suivi des financements alloués à l’électricité a même permis de montrer qu’en 2019, avant l’irruption de la pandémie de COVID-19, les 20 pays comptant 80 % de la population mondiale privée d’électricité – autrement dit, les pays à fort impact – avaient subi une baisse d’investissements de l’ordre de 27 %. On anticipe déjà une baisse supplémentaire des investissements en faveur de l’accès à l’énergie pour 2020 et 2021, en raison des difficultés économiques liées à la COVID-19.

Le rapport Energizing Finance: Understanding the Landscape 2021 (https://bit.ly/2YOsggZ), publié dans le cadre de la série susmentionnée, montre que le financement en faveur de l’accès à l’électricité domestique au sein de ces 20 pays est passé de 16,1 milliards de dollars US en 2018 à 12,9 milliards de dollars US en 2019 : un montant plus de trois fois inférieur aux 41 milliards de dollars US annuels dont on estime avoir besoin, à l’échelle mondiale, pour garantir un accès universel à l’électricité d’ici à 2030.

Dans le même temps, le niveau de financement pour les moyens de cuisson non polluants reste désespérément bas. Les combustibles de cuisson polluants sont à l’origine de plusieurs millions de décès prématurés chaque année et représentent le deuxième facteur de dérèglement climatique, derrière le dioxyde de carbone. Pourtant, sur la base des investissements enregistrés en 2019, seuls 133,5 millions de dollars US ont été consacrés au développement de moyens de cuisson non polluants cette année-là. Un montant très en deçà des 4,5 milliards de dollars US annuels dont on estime avoir besoin pour garantir un accès universel aux moyens de cuisson non polluants (et qui ne couvrent que l’achat de foyers de cuisson non polluants).

Ces résultats ont été publiés peu de temps avant la COP26 qui se tiendra à Glasgow et au cours de laquelle les grands dirigeants mondiaux devront trouver le moyen d’amorcer des progrès significatifs en matière de lutte contre le changement climatique. Dans cette perspective, les participants seront amenés à réfléchir aux différentes pistes permettant de réduire les émissions mondiales du secteur de l’énergie, tout en renforçant la croissance des pays en développement et en favorisant leur accès énergétique.

« Nous nous trouvons à une étape cruciale du débat sur l’énergie et le climat », explique Damilola Ogunbiyi, PDG et représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour l’énergie durable pour tous et coprésidente d’ONU-Énergie. « Il semble désormais établi que l’objectif “zéro émission nette” ne sera atteint qu’au moyen d’une transition énergétique juste et équitable, donnant accès à une énergie propre à un coût abordable aux 759 millions de personnes privées d’électricité et aux 2,6 milliards de personnes dépourvues de moyens de cuisson non polluants. Cela passe par le déploiement de ressources pour lutter contre le changement climatique, créer de nouvelles opportunités de développement économique et permettre aux populations du monde entier de vivre dans la prospérité. Energizing Finance offre une base de données probantes qui permet de déterminer les investissements actuellement consacrés à l’énergie ainsi que les financements dont les pays ont besoin pour atteindre les cibles fixées par l’ODD 7 relatif à l’énergie. »

En 2018, 50 % de l’ensemble des financements consacrés à l’électricité ont été investis dans les combustibles fossiles raccordés au réseau au sein des pays à fort impact, contre 25 % en 2019. Il s’agit d’une évolution positive pour le climat, mais dans le même temps, l’étude révèle une baisse des investissements alloués aux technologies hors réseau et aux mini-réseaux, qui ne représentaient plus que 0,9 % des sommes consacrées à l’électricité.

Dr. Barbara Buchner, Directrice générale mondiale de la Climate Policy Initiative, qui s’est associée à SEforALL pour élaborer le rapport Energizing Finance: Understanding the Landscape 2021, a déclaré : « Pour respecter l’Accord de Paris et faire de l’accès universel à l’énergie une réalité, il faut que les énergies renouvelables raccordées au réseau et les solutions de mini-réseaux/hors réseau puissent s’appuyer sur un niveau d’investissement largement supérieur à ce qui a été observé dans le cadre du rapport Energizing Finance. Ces solutions sont indispensables pour soutenir le développement économique des pays à fort impact, en évitant toute dépendance aux combustibles fossiles. »

Afin de mieux mettre en lumière les défis que doivent relever les pays à fort impact, la deuxième publication de la série, Energizing Finance: Taking the Pulse 2021 (https://bit.ly/2Xgs3TG), étudie de façon détaillée les volumes et les catégories de financement estimés nécessaires pour que les entreprises et les consommateurs obtiennent, d’ici à 2030, l’accès universel à l’électricité et aux moyens de cuisson non polluants au Mozambique, au Ghana et au Vietnam. Le rapport se concentre en particulier sur les difficultés que rencontrent les populations de ces pays pour accéder à l’énergie à un coût abordable et sur le soutien financier dont les consommateurs ont besoin, notamment à travers des subventions.

Le rapport conclut que d’ici à 2030, le coût total, pour les trois pays, d’un accès à des technologies et à des combustibles propres, c’est-à-dire à des moyens de cuisson modernes, serait compris entre 37 et 48 milliards de dollars US ; 70 % de cette somme serait consacrée aux combustibles (par exemple, le GPL, l’éthanol et l’électricité). Une autre solution, plus facile à mettre en place, consisterait à y instaurer un accès universel à des foyers de cuisson améliorés, pour un coût total de 1,05 milliard de dollars US d’ici à 2030.

« Le Ghana, le Mozambique et le Vietnam font face à des difficultés bien distinctes dans leurs efforts respectifs pour obtenir l’accès universel à l’électricité et à des moyens de cuisson non polluants », explique Aly-Khan Jamal, associé au sein du cabinet Dalberg Advisors, qui a contribué aux côtés de SEforALL à la rédaction du rapport Energizing Finance: Taking the Pulse 2021. « Ce travail de recherche étudie en profondeur ces différents contextes nationaux afin d’identifier des solutions permettant de réaliser l’objectif de développement durable 7. »

Parmi les recommandations adressées au Ghana, au Mozambique et au Vietnam en matière de politiques publiques, on peut notamment citer la mise en place d’un financement basé sur résultats pour l’accès à l’énergie (FBR) à destination des promoteurs de projets de développement énergétique, ainsi que des mesures d’aide à la consommation et de réduction des taxes sur les installations solaires domestiques.

Energizing Finance plaide également en faveur d’instruments financiers plus innovants pour contribuer au déploiement à grande échelle des financements nécessaires à l’accès universel aux moyens de cuisson non polluants. L’étude défend aussi la mise en place de stratégies intégrées de lutte contre le changement climatique et d’accès à l’électricité et à des moyens de cuisson non polluants. Enfin, elle encourage les gouvernements nationaux, les donateurs bilatéraux, les fondations philanthropiques et les institutions de financement du développement à accentuer leurs efforts pour mobiliser des capitaux commerciaux en faveur des pays d’Afrique subsaharienne.

D’autres résultats clés et recommandations issus des rapports sont disponibles ici (https://bit.ly/2YIib5o).Distribué par APO Group pour Sustainable Energy for All (SEforALL).

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