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« La situation de la commune de Gueule Tapée Fass Colobane est dramatique » Cheikh Oumar Sy Djamil

Candidat à la mairie de Gueule Tapée Fass Colobane, Cheikh Oumar Sy Djamil décline son offre programmatique sans manquer de dresser un diagnostic de la situation communale. Entretien paru dans le journal Tribune du 21 septembre 2021.

Vous êtes candidat à la mairie de Gueule Tapée – Fass – Colobane. Pour quelles raisons ambitionnez-vous de présider aux destinées de cette commune ?

Je me suis rendu compte à quel point nous, habitants de la commune, on a subi la politique mais on n’a jamais eu un plan de développement qui nous permettrait d’avoir ce que l’on appelle le rêve égalitaire d’Alain Minc. On est entouré par le Point E, la Médina voire le Plateau mais là-bas toutes les rues sont bitumées. Lorsqu’il pleut, au bout de deux heures de temps l’eau part.  On est entre ces quartiers là mais lorsqu’il pleut l’eau reste dans cette commune pendant plusieurs jours, les maisons sont inondées avec les eaux usées malheureusement. C’est une situation qui est assez dégradante et nous ne méritons pas ça dans cette commune. Il y a énormément de choses qui peuvent être faites parce que nous sommes quand même privilégiés. Au niveau de l’éducation aujourd’hui il n’y a pas une autre commune au Sénégal qui est bornée par cinq lycées. Nous avons déjà au sein de notre commune deux lycées, Delafosse et Kennedy et il y a Blaise Diagne à côté. C’est de très grands lycées. Il y aussi le lycée Thierno Birahim Mbackè, il y a Jean de la Fontaine, il y a le lycée d’application Birago Diop et sur le plan universitaire nous avons tous les enseignements qui sont délivrés dans le périmètre scolaire de la commune : l’université de Dakar, l’école d’architecture, l’école de Médecine, l’école de journalisme, les écoles vétérinaires, l’Enam… Nous avons treize écoles primaires en plus et six institutions préscolaires. Donc de la maternelle à l’agrégation vous pouvez ne pas prendre un véhicule pour aller à l’école. Vous pouvez marcher.  En parallèle sur le plan de la santé nous sommes mal lotis. Nous avons un taux de pénétration Cmu de 1% alors que même la moyenne à Dakar c’est 4% et vous voyez que le système de santé aujourd’hui au Sénégal repose sur la Couverture maladie universelle. Ca veut dire que les populations de Gueule Tapée Fass Colobane sont complètement à côté de tout ce système de santé. C’est quand même assez dramatique, les gens se prennent en charge à 100%. Sur le plan de la santé ça ne marche pas. On a fait le diagnostic sur le plan culturel, sur le plan sportif, sur le plan économique et social c’est dramatique. Sur le plan aussi de la sécurité nous sommes vraiment mal lotis. Nous sommes au cœur de la capitale sénégalaise mais nous manquons pratiquement de tout. C’est pour cela qu’on s’est dit  qu’on ne va plus regarder des hommes politiques venir promettre des choses  qu’ils ne feront jamais. Nous devons quand même avoir une démarche consistant à voir exactement ce que veulent les populations et essayer de le réaliser. Les compétences transférées on les connait mais on ne va pas nous appesantir sur cela. On essaie de voir quels sont les problèmes cruciaux des populations pour pouvoir les régler. Nous sommes dans un quartier bordé par deux canaux, le canal 4et le canal Gueule Tapée qui se déversent directement à la mer mais quand il pleut nous avons des problèmes d’inondations. Je pense que ce n’est pas normal du tout.

Vous évoquez la question des moyens. Comment y remédier étant donné que les collectivités territoriales se heurtent souvent à une insuffisance de ressources budgétaires ?

Cela est lié à la politique économique de l’Etat du Sénégal. Nous savons très bien que les collectivités territoriales n’absorbent que 1% du budget de l’Etat. Dans les pays occidentaux, 50% du budget de l’Etat est absorbé par les collectivités territoriales et exécuté au niveau local. L’Etat devrait penser à augmenter la part de ressources qu’il attribue aux collectivités territoriales. Avec la nouvelle réforme fiscale, avec les nouvelles ressources de l’Etat la situation pourrait changer. Mais les collectivités ne peuvent pas attendre que l’Etat finisse sa réflexion et ses réformes parce que tout est urgent. Il y a des questions tellement cruciales qu’il faut régler de manière définitive et sans attendre. C’est pourquoi nous avons pris l’engagement d’élaborer notre programme de développement. On a fini de faire le diagnostic et pour chaque point soulevé on a retenu des initiatives qui peuvent permettre certains problèmes que j’ai soulevé tout à l’heure. Soit c’est lié au cadre de vie, soit c’est lié à l’éducation, la santé, la culture, le sport, l’emploi et la sécurité. C’est nos sept axes programmatiques auxquels s’ajoute la digitalisation. On a identifié des activités précises et on les a chiffrées en se disant que sur les cinq années à venir nous devons régler définitivement ces questions.

A combien se chiffrent les ressources nécessaires pour réaliser votre programme ?

C’est estimé à un minimum de vingt milliards de francs Cfa sur les cinq années. On ne peut pas régler les questions de développement de cette localité sans y injecter un minimum de 20 milliards étalés sur les cinq ans qui correspondent au mandat d’un maire.

D’où comptez-vous tirer ces ressources ?

On a une mairie qui a actuellement un budget d’un milliard sept cent millions. Mais sur ce budget on a que 360 millions pour l’investissement chaque année. Ce n’est pas significatif pour régler les questions que je viens de soulever. Sur cinq ans ca ne peut pas dépasser deux milliards. Ca veut dire qu’il faut aller chercher 18 milliards. L’Etat doit investir dans notre commune. Nous avons la légitimité de réclamer une part très importante de l’Etat comme investissement. L’autre source de financement c’est les bailleurs de fonds. Il y a la coopération bilatérale et la coopération multilatérale. On est tout à fait conscients qu’il y a des programmes sur lesquels nous devons capitaliser, avoir de bonnes notes conceptuelles qu’on va déposer chez tous les bailleurs pour que l’impact se fasse immédiatement ressentir au niveau des populations. L’autre source de revenus c’est le secteur privé. Nous avons un grand programme de fermeture du Canal IV, ça je pense que ce sera le programme phare de la commune mais ca ne peut être fait qu’avec l’apport du secteur privé. Ce qu’on prévoit de faire c’est de fermer le Canal à partir de Soumbédioune jusqu’à Claudel  et d’en faire un passage commercial avec une centaine d’enseignes susceptibles de s’y installer. De Claudel à Delafosse on compte faire un parking, et de Delafosse à la route de Ouakam on va faire un jardin public. Le Canal IV fait  2,3 kilomètres de long avec une portée de 30 mètres ce qui fait potentiellement six hectares à aménaer. Maintenant de la route de Ouakam  à Fass on compte aménager pour délocaliser tous les menuisiers et vendeurs de meubles en faisant de cette zone un cluster… La quatrième source de financement que nous envisageons d’activer c’est la diaspora et la coopération décentralisée. Aujourd’hui la diaspora ne consiste plus à juste avoir quelqu’un qui se trouve à l’étranger et qui envoie cent, deux cent euros par  mois.  Des Sénégalais sont dans des secteurs de pointe. Les Sénégalais sont partout et ils peuvent nous  faire bénéficier de leur expérience. C’est vraiment le moment pour activer la diaspora. Si la Chine s’est développée c’est aussi parce que 75% de l’investissement direct étranger provenait de Chinois établis hors du pays.

Il y a eu tout un débat sur la fiabilité du fichier électoral. Pensez-vous que la transparence sera garantie lors des élections locales ?

On a entendu beaucoup de bruit dans la délivrance des certificats de résidence, des transferts d’électeurs… Mais nous sommes allés au niveau de la mairie voir comment se déroulaient les inscriptions à ce niveau mais franchement nous pouvons dire qu’il n’y a pas d’incident majeur au niveau de notre localité. Les gens se sont convenablement inscrits mais d’une manière générale il faut vraiment que le processus électoral soit respecté. C’est en fait à ce niveau qu’il peut y avoir problème. Il faut que les gens disposent de ce fichier pour pouvoir faire le diagnostic nécessaire. Si les gens n’ont pas ce fichier pour faire les vérifications qui siéent il va y avoir énormément de problèmes. Il faut que tout le monde soit au même niveau d’information, que tout soit réglé dans le temps qui a été fixé par les autorités selon le code électoral, et je pense que si ca se déroule normalement jusqu’au 23 janvier 2022 je pense qu’il ne peut pas y avoir d’incidents majeurs par rapport au déroulement de ce scrutin.   

Vous n’êtes pas un homme politique de métier. Comment évaluez vous vos chances pour ce scrutin ?

On a créé la Grande Force Citoyenne (Gfc) Doomi Gueule Tapée Fass Colobane. C’est une plateforme électorale qui regroupe plusieurs acteurs politiques, acteurs de la société civile et acteurs de développement. Maintenant c’est le temps des politiques, le temps des coalitions. Nous sommes en train de discuter avec de grandes coalitions pour pouvoir faire une liste assez forte et gagnante pour la commune de Gueule Tapée Fass Colobane mais avec une bonne dose de personnes suffisamment motivées et suffisamment expertes dans leur domaine parce que ce qui nous intéresse dans un premier temps c’est l’équipe municipale qui doit gérer les destinées de cette commune. Nous avons bon espoir qu’avec l’aide de Dieu nous pourrons arriver à nos fins. Je ne peux pas trop m’avancer sur certaines choses parce que les négociations continuent.

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