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Dakar, Grand Prix des embouteillages (Par le Dr. Cheikh Omar Diallo)

Le Sénégal, avec environ ses 18 millions d’habitants et son million de voitures, vibre d’une énergie indéniable, et Dakar, sa capitale, en est le reflet vibrant. Sur ses 83 km², la ville s’étale dans toute sa splendeur, sa diversité, sa pollution, et sa modernité. Dotée d’autoroutes modernes, de ponts innovants, et d’autoponts de dernière génération, la presqu’île semble être parfaitement équipée pour revendiquer son statut de métropole africaine de premier plan. 

Cependant, du lundi au vendredi, entre 7h et 13h, ainsi qu’entre 17h et 20h, il est pratiquement impossible de circuler sans se retrouver pris au piège d’embouteillages-monstres s’étirant sur des kilomètres de route. 

L’une des premières causes de la circulation à Dakar réside dans l’indiscipline notoire des conducteurs, la clémence des autorités, et l’encombrement humain sur les routes.

Dakar, capitale africaine des bouchons ? Pas loin du top 10. Et, la question n’est plus de savoir : “vais-je être en retard ?” mais plutôt “à quel point vais-je être en retard aujourd’hui ?”
Le matin, c’est une “course à la sudation” pour ceux qui luttent désespérément pour arriver à l’heure au travail, tandis que le soir, c’est un véritable “rallye de tortues” pour rentrer chez soi. 

On dit souvent que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, mais à Dakar, il semble que l’avenir sourit davantage à ceux qui ont des relations haut placées, ceux qui se réveillent tôt le font pour échapper à l’enfer des embouteillages.

Selon les dernières statistiques, un Dakarois perd en moyenne plus de 80 heures chaque année en raison des embouteillages, ce qui équivaut à une perte de temps totale de 312 millions d’heures par an. Soit une perte cumulée de 100 milliards de francs CFA par an. Il est évident que nous construisons notre pays, mais le développons-nous réellement ?

Nos autoroutes, conçues pour fluidifier la circulation, ressemblent plutôt à des tapis roulants à l’arrêt. Sur nos routes faites d’enrobé dense, nous restons immobiles pendant des heures, tandis que la sueur perle à grosses gouttes dans nos véhicules.

Plus nos autorités construisent de ponts modernes et de chaussées dernier cri, plus il semble que les embouteillages deviennent un mode de vie pour les Dakarois.

Il semblerait que nos automobilistes, parfois nostalgiques des temps anciens, préféreraient retrouver les routes poussiéreuses et pittoresques d’antan.

La circulation à Dakar pourrait être une véritable comédie si elle n’était pas si tragique. Les routes sont devenues les acteurs principaux, et nous, les citadins, sommes devenus les spectateurs résignés de chaque “bouchon”, observant avec résignation, entre chevaux surchargés et motocyclistes déjantés, notre jauge d’essence baisser plus vite que notre moral. 

En tant qu’usagers, il est grand temps que nous exigions de nos autorités publiques, un véritable plan de circulation pour remédier à cette “crise routière”.

Chez nos voisins, par exemple, il est interdit aux poids lourds de circuler aux heures de pointe, une mesure qui pourrait grandement soulager notre quotidien.

Il est vraiment grand temps que nous prenions des mesures sérieuses pour réduire ces embouteillages-monstres qui nous font perdre du temps, de l’énergie, et de la sueur chaque jour.

Ailleurs, on construit des autoroutes pour gagner du temps, au Sénégal, semble-t-il, on le fait pour en perdre. 

Or, disent nos frères ivoiriens, [autres habitués des embouteillages], “le plus grand voleur de tous les temps est celui qui vous vole votre temps”. 

Dr. Cheikh Omar Diallo
Un usager marri et contrit

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