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Billets de salon : Notes de lecture de Makhfou Mahecor Diouf

L’ouvrage de notre cher ami Mame Gor Ngom nous replonge profondément dans les événements de ce qu’il est désormais convenu d’appeler, depuis février 2021, l’affaire Adji Raby Sarr-Ousmane Sonko, supposée avoir eu lieu dans l’un des douillets salons de Sweet Beauty niché dans un quartier de Dakar. Dans cette œuvre, l’auteur pointe notre regard beaucoup plus sur le déroulé des événements ayant entouré cette affaire qu’il ne se livre à une entreprise d’explication des faits querellés entre les parties en cause. Dans un style narratif fort intéressant et caustique, il parle de l’affaire avec une distance propre au journaliste. Mame Gor refuse d’entrer dans les détails et de prendre parti. Il n’interroge et ne juge pas les faits. Il met, cependant, le focus sur l’attitude des Sénégalais, divisés essentiellement entre deux camps, en vérité, politiques : celui de l’opposition et de la société civile renforcée par de nouveaux mouvements de défense et de soutien, et celui du pouvoir et de ses courtisans ; dans un contexte où le pays est envahi par la pandémie de la Covid-19 qui continue de faire des dégâts dans les familles, dans les entreprises, dans l’économie et la vie politique. Avec le prétexte de cette affaire, l’auteur tire la sonnette d’alarme sur la nécessaire unité nationale, facteur essentiel rappelé récemment par le Dg de l’Oms dans la lutte contre le virus dans un pays, et l’observation stricte des mesures de prévention et la mise en œuvre de programmes ambitieux et solides pour vaincre la maladie. À côté de ce rappel destiné aux autorités politiques et aux populations qui font preuve d’un relâchement coupable pendant que le virus s’installe de plus en plus dans le pays, l’auteur insiste également, à sa façon, sur l’importance des urgences à prendre en charge et liées principalement aux causes ayant entraîné le regain de la violence dans le pays, notamment la dégradation des conditions de vie des populations, le manque de confiance de plus en plus grandissant des Sénégalais face à la supposée indépendance de la justice, le discrédit de la presse qui perd de plus en plus ses lettres de noblesse par l’ignorance de ses droits et responsabilités, et le défi de la régulation des médias, les aveux et désaveux d’un pouvoir en mal de repères et foncièrement embourbé dans une stratégie de communication laborieuse et mal coordonnée ; les errements d’une Assemblée nationale particulièrement soumise, les difficultés du secteur de la santé publique, ainsi que les carences dans la vigilance sanitaire et épidémiologique. L’auteur ne fait pas simplement dans la grisaille. Loin s’en faut ! Les “Billets de salon” posent aussi notre regard sur quelques lueurs d’espoir avec la nomination de personnalités sénégalaises d’envergure à l’international, la médiation de bonnes volontés et l’implication heureuse du Khalife général des mourides dans le dénouement de la crise. «En pensant à Mountakha». Billets de salon expose, en vérité, le quotidien du Sénégalais avec ses hauts et ses bas, celui de la société avec ses travers sur une période séquentielle de cinq mois. Cinq mois de crise multiforme, de tâtonnements, d’inquiétudes et de recherche d’une stabilité sociale dans un monde exclusivement dominé par un virus plus que jamais déterminé à cohabiter férocement avec l’homo sapiens. Pour l’histoire, il faudra bien compter avec Billets de Salon. L’auteur ne dit apparemment pas le contraire. Mieux, il nous ouvre la porte, nous montre la voie en nous mettant tous devant nos propres responsabilités. À lire absolument, dans sa lettre comme dans son esprit !

*Makhfou Mahecor Diouf NDLR : Après plus d’une dizaine d’années dans divers postes de responsabilités au sein de la haute administration sénégalaise où il occupa la fonction d’Inspecteur des Affaires administratives et financières au ministère du Commerce, de la Consommation, du Secteur informel et des PME, Monsieur Mahecor Makhfou Diouf a été appelé à d’autres fonctions. C’est ainsi qu’il a eu l’opportunité de travailler à la Commission de l’Union économique et monétaire de l’ouest africain (Uemoa), pendant presque deux ans, en qualité de Chargé des Questions de Concurrence, avant de rejoindre la Banque africaine de développement (BAD)

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