Note de lecture
Dans cet éblouissant récit autobiographique, Salimata Soumaré nous plonge dans un monde à la fois chaotique et romantique : l’ère des premières années de l’éclatement de l’Union Soviétique et la naissance d’une Russie post soviétique indépendante comme toutes les autres républiques sœurs qui composaient la patrie de Lénine.
Ce moment a été une étape historique inédite: le passage du mode de gouvernance (système) communiste aux balbutiements de l’installation d’un capitalisme sauvage et déstructurant.
À l’université, on nous avait appris que le Communisme finira bien par triompher un peu partout dans le monde suivant les lois d’une dialectique exposée par les « tsars » de la théorie de la dictature du prolétariat.
C’est le contraire qui s’est produit pour le moment.
Quelqu’un relevait que les Russes étaient des génies. On leur avait appris comment passer du capitalisme au communisme et pas le contraire. Pourtant, ils ont bien réussi cette transition même si le Président Poutine estime que l’éclatement de l’URSS a été la plus grande catastrophe du XX-ème siècle.
Or donc, dans son livre captivant, Salimata Soumaré nous brosse très tendrement le dramatisme du moment vécu, notamment par des étudiants arrivés faire une bonne partie de leurs humanités dans un pays qui n’existe plus.
Comment tenir dans un contexte où la monnaie s’est effondrée, où la sécurité était peu assurée, où tout le pays se posait des questions sur son avenir où beaucoup ne voyaient que dangers et incertitudes ?
Décrocher finalement son diplôme avec la meilleure des mentions est l’exploit réalisé par notre compatriote Salimata Soumaré.
Quelle endurance! Quelle volonté !
Mais où donc a t-elle trouvé les ressorts pour s’en sortir ?
Salimata nous rappelle les principes de base de l’éducation familiale qui nous dicte les lois de la résilience.
De la tendresse de la babouchka russe à l’amitié avec Irina, sans oublier les bruyantes caprices de Marisol la Cubaine, l’immobilisme caractériel de Samaline la Cambodgienne, l’étudiante sénégalaise a su naviguer fort pour ne jamais perdre ses repaires et revenir au pays le parchemin de l’ingénieure en main… pour d’autres défis qui l’attendaient encore.
Lisez ce livre! On en dira pas plus.
Nb:
Il est par ailleurs écrit dans un français limpide comme on le voit de moins en moins dans une littérature où les publications foisonnent beaucoup plus qu’avant…
( Éditions l’Harmattan-Sénégal 2025)
Souleyanta Ndiaye