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Lorsque les objectifs climatiques occidentaux répondent aux réalités et aux opportunités énergétiques africaines * Par NJ Ayuk

Par NJ Ayuk, Président Exécutif, Chambre Africaine de l’Energie

Avant la tenue de la Conférence Internationale sur le Climat à Glasgow, le Président de l’Ouganda, Yoweri K. Museveni, a écrit dans un éditorial du Wall Street Journal, du 25 octobre, que l’Afrique ne devait pas sacrifier sa prospérité future au profit des objectifs climatiques occidentaux. 

Entre la croissance rapide de la population (on s’attend à ce que le nombre d’africains double au cours des trois prochaines décennies) et l’urbanisation grandissante, les besoins en énergie du continent vont certainement doubler, voire même tripler, d’ici à 2040. Avec les interdictions générales imposées sur le financement public de projets de combustibles fossiles, l’Occident coupe l’herbe sous le pied de la production et de l’exploration des hydrocarbures africains, en insistant pour que l’Afrique réponde à la demande toujours grandissante en sources solaires et éoliennes naissantes du continent.

Les moulins à vent et les panneaux solaires peuvent être très bien dans des endroits comme les Etats-Unis ou l’Europe, qui disposent de réseaux électriques plus stables (bien que les vents calmes en Europe, cet été, ont fait que le Royaume-Uni, pour une fois, envisage maintenant un retour à la combustion du charbon comme source de chaleur, au cours de prochains mois), mais en Afrique, ils ne font qu’exacerber les difficultés électriques du continent. En produisant ce que Museveni appelait « de l’électricité chère et non fiable », le solaire et le vent obligent les africains à compenser à l’aide de générateurs diesel crachant du CO2 ou des batteries. Ironique, n’est-ce pas ?

Et cela n’est qu’un simple exemple de ce que certains appellent le « colonialisme climatique ».

Le fait d’empêcher l’Afrique d’exploiter ses ressources en énergie revient à laisser le continent dans une pauvreté énergétique et une économie affaiblie. Ajoutons à cela le fait que l’Afrique produit une quantité minime d’émissions de gaz à effet de serre (selon l’ONU, le continent n’est responsable que de 2% à 3% des émissions mondiales de CO2 venant de sources industrielles et énergétiques), et abrite des puits de carbone qui nettoient l’atmosphère, tels que des forêts tropicales et des prairies, et le problème est clair : l’Occident demande au continent africain de faire plus que ce qu’il devrait dans le combat contre le changement climatique, et l’empêche d’atteindre la prospérité. Et tout cela sans même atteindre une grande amélioration climatique mondiale, en retour.

Au lieu de se précipiter vers les énergies renouvelables, l’Afrique a besoin de faire une transition selon son propre calendrier, et n’a pas d’autre choix que d’utiliser les combustibles fossiles au passage, plus particulièrement une énergie non renouvelable plus propre, comme le gaz naturel, dont l’Afrique dispose de réserves abondantes, atteignant 600 tcf. Cela « aidera le continent à réduire les émissions tout en se développant » affirme Museveni.

Ceci est exactement ce que les pays développés ont déjà fait.

L’Africa Energy Outlook 2022 de la Chambre Africaine de l’Energie débat de l’importance du gaz naturel et du gaz naturel liquéfié (LNG) pour la transition énergétique africaine et son futur économique. La publication est disponible dès maintenant sur : https://energychamber.org.

La Résilience Climatique Requiert plus d’Energie, Pas Moins

Le fait que le gaz naturel et le LNG soient essentiels pour le futur de l’Afrique n’est pas seulement le reflet de l’opinion de Museveni.

Un expert du World Economic Forum (WEF) a récemment fait la liste d’une douzaine de raisons selon lesquelles l’interdiction du développement du gaz naturel, en Afrique, entravera le développement du continent, supprimera la création d’emplois, ralentira la transition du continent vers une énergie propre, et n’aura que très peu d’effet sur le combat contre le changement climatique.

Selon cette affirmation que l’Occident oublie souvent, WEF a souligné le fait que la résilience climatique requiert plus d’énergie, pas moins. Pour s’adapter à la sécheresse, aux inondations, aux températures qui augmentent, WEF indique que l’Afrique devra intégrer plus de métal, ciment, chambre froide, et climatisation dans ses installations et infrastructures, et devra développer son approvisionnement en eau douce à travers le dessalement. Tous ces efforts sont facilités avec le gaz naturel fournissant le combustible de transformation.

Cela n’est qu’un seul des avantages du gaz naturel en Afrique. De plus, WEF affirme que :

  • En comparaison avec le charbon, les sources géothermiques, le nucléaire et même les projets hydrauliques, la construction de centrales électriques alimentées au gaz ne représente pas de coûts excessifs.
  • Alors que le gaz peut être utilisé pour la production d’électricité, il représente également une matière première pour les fertilisants et les produits pétrochimiques.
  • Le gaz, le vent et le solaire se complètent. Les turbines à gaz peuvent chauffer rapidement et, ainsi, compenser le décalage causé par l’instabilité météorologique.
  • Le gaz est demandé par les pays à hauts revenus, et ce à travers le monde. « Les Etats-Unis, la Chine et une grande partie de l’Asie, et de l’Europe, parient fortement sur le gaz comme composante centrale de leur futur énergétique, dont d’importants volumes proviennent du LNG de l’Afrique ».

Le futur du LNG africain fait partie des nombreux sujets abordés dans Africa Energy Report 2022.

Satisfaire la Demande Mondiale Grandissante en LNG

Alors que les efforts en matière de décarbonisation se sont intensifiés au cours du siècle dernier, la demande en gaz naturel a également augmenté. La production a cru afin de suivre le rythme. Cela, bien entendu, jusqu’en 2020, lorsque les deux mesures ont chuté : la demande à baissé de 3% et la production de 4%.

Aujourd’hui, la production africaine de gaz naturel a repris mais Africa Energy Report 2022 suggère que les perspectives, à long terme, du gaz naturel ne sont peut-être pas aussi solides que préalablement pensé.

Les prévisions en matière de demande en gaz atteignent 4,5 millions de tcm en 2040, soit une réduction d’environ 5,5% par rapport aux précédentes estimations. De plus, le pic de la demande aura lieu en 2032, et non pas en 2037 comme prédit auparavant.

Pourtant, alors que la production d’électricité passe du charbon au gaz, afin de respecter les standards environnementaux, le gaz naturel est le seul combustible fossile dont il est attendu une croissance après 2030, selon McKinsey. Cela signifie qu’il existe des opportunités continues pour des pays comme le Nigéria, l’Algérie, l’Egypte ou la Lybie, qui ont des opérations de gaz naturel de longue date. De plus, on prévoit que l’Afrique autorise davantage de ressources gazières en comparaison avec la décennie passée, qui était plus centrée sur les projets de pétrole brut. Dans Africa Energy Outlook 2022, Rystad Energy affirme que plus de la moitié des ressources africaines dont on attend une autorisation de développement, au cours de la prochaine décennie, seront des projets gaziers. Et 13% d’entre eux seront pour des liquides de gaz naturel et condensé.

Cette transition des projets pétroliers vers le gaz naturel reflète la méthode « push and pull » de diverses forces du marchés. Afin d’atteindre leurs propres objectifs de net-zero et ESG (et afin d’éviter la volatilité d’un marché pétrolier en déclin), les compagnies pétrolières internationales (IOC) cèdent leurs placements pétroliers et rééquilibrent leur portfolio en favorisant les investissements dans le gaz naturel. A titre d’exemple, Perenco, dont le siège social est à Londres et Paris, à acheté des actifs, au Gabon, du français TotalEnergies, en affirmant que son but était de maintenir les niveaux de production de gaz alors que la production de pétrole diminue. En parallèle, TotalEnergies a étendu sa présence en Algérie, en prenant une participation dans un champ de gaz humide de Repsol, et a ainsi soutenu le changement vers une ressource en gaz naturel plus propre.

Les américains sont, eux aussi, passés à l’acte. Kosmos Energy, dont le siège est à Dallas, au Texas, a réduit ses actifs pétroliers d’Afrique de l’Ouest (et ne s’étendra pas dans de nouveaux bassins) et l’entreprise a affirmé vouloir se tourner de façon plus importante vers le gaz naturel.

Pour de nombreux majors, la promesse du LNG représente un grand attrait.

Il est prévu que la demande mondiale en LNG (gaz naturel qui a été refroidi pour être converti à l’état liquide pour expédition et stockage) augmente de 14%, d’ici à 2025. Même la pandémie n’a pas réussi a arrêté ce momentum : malgré une demande augmentant de seulement 1% en 2021, elle a poursuivi une tendance positive. Au cours de la même période, le marché des autres combustibles fossiles a reculé.

L’Afrique de l’Ouest a bénéficié d’une longueur d’avance sur le marché du LNG, en comparaison avec l’Afrique de l’Est, mais la différence n’est pas si grande. Le Cameroun, par exemple, a inauguré la première installation Floating LNG du monde en 2018. En Angola, Chevron a construit l’un des projets énergétiques les plus grands du continent, dont la capacité de production de LNG atteint 5,2 millions de tonnes. Enfin, la Guinée Equatoriale a commencé à exporter du LNG en 2018.

Aujourd’hui, un certain nombre de projets LNG en Afrique de l’Est commence à attirer des investissements. De nouveaux projets s’ajoutent, également, comme Coral Floating LNG (FLNG), au large du Mozambique. On s’attend à ce que Coral FLNG entame sa production en 2022, dans le champ riche en gaz Coral South, dont la teneur en gaz récupérable est estimée à 16 tcf.

Chacun de ces projets et d’autres mentionnés dans Africa Energy Outlook 2022, sont synonymes de création emplois, de revenus et d’une chance de sortir davantage de personnes de la pauvreté.

Les Ressources d’Aujourd’hui, le Futur de Demain

Se préoccuper du changement climatique et vouloir développer l’économie ne sont pas incompatibles. La majorité des 55 pays qui composent l’Union Africaine a ratifié l’Accord de Paris. Beaucoup ont accéléré le développement d’ambitieux projets d’énergies renouvelables. Mais en arriver là sans sacrifier une possible prospérité requiert la fiabilité de ressources largement disponibles en Afrique, aujourd’hui. Et qu’il s’agisse d’énergie ou d’emplois, cela vient sous forme de gaz naturel.

Distribué par APO Group pour African Energy Chamber.

SOURCE
African Energy Chamber

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