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Les smart cities africaines risquent d’être gérées par Google plutôt que par des gens en Afrique (Jérôme Chenal)

Sur la dernière décennie, plusieurs projets de villes intelligentes ou idéales ont fleuri aux quatre coins du continent africain. Du Kenya au Nigeria, en passant par le Burkina Faso, la promesse est de rendre les cités africaines plus vivables et de fournir des technologies de pointe pouvant permettre de prendre le virage du numérique. Face à cette tendance qui devrait encore se renforcer, il convient de jouer la prudence selon Jérôme Chenal, spécialiste en urbanisme en Afrique subsaharienne et professeur à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Dans un entretien à l’Agence Ecofin, le chercheur estime qu’il faut aller au-delà des effets d’annonce et trouver le modèle qui convient aux réalités africaines. il pose aussi une question de souveraineté relative à l’administration des villes intelligentes.

” En réalité, le concept de smart city a été inventé par IBM. C’est un peu comme Michelin qui a inventé les cartes et les guides touristiques pour que les gens fassent des tours et utilisent au maximum leurs voitures pour changer de pneus. IBM et la ville intelligente c’est à peu près la même chose. C’est de cela que c’est parti.Aujourd’hui, IBM n’est plus la société qui est en tête sur ces questions. Les grandes sociétés comme celles du GAFAM qui produisent les ordinateurs, les capteurs, les hardwares et les softwares ont un marché énorme devant eux. Donc, la ville n’intéresse plus seulement les grandes entreprises de construction, de logements et de routes. C’est un futur marché pour les grandes sociétés numériques et tout le monde pousse pour que cela se développe.Tout le monde a à y gagner. Google a à gagner de la ville intelligente parce qu’ils ont déjà toutes les données qui permettent de gérer les villes. Donc le prochain stade pour Google sur la question urbaine est de proposer des packages de gestion urbaine. Cela veut dire que les villes africaines risquent d’être gérées à un moment donné par Google plutôt que par des gens en Afrique. Ce qui est un danger extrême” explique Jérôme Chenal.

Lien pour consulter l’intégralité de l’entretien avec Jérôme Chenal : https://www.agenceecofin.com/gouvernance/2512-83833-la-ville-intelligente-existe-deja-en-afrique-depuis-longtemps-il-suffit-d-ouvrir-les-yeux-pour-la-voir-jerome-chenal

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