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Les migrants et le dividende démographique : réinventer l’espoir (Par Mamadou Lamine DIATTA)

Nous sommes désormais 18 millions 32 mille 473 Sénégalais si l’on en croit les résultats du recensement général de notre population.

Cette explosion démographique n’est assurément pas le sujet le plus sexy par les temps qui courent surtout avec ce bouillonnement politique qui fait d’Amadou Ba, Ousmane Sonko, Karim Wade et autres Khalifa Sall les chouchous de la presse et surtout d’un grand public peu friand de topics sérieux. Mais il faut savoir que les enseignements de ce recensement sont un véritable enjeu de gouvernance et de planification relativement à la gestion au quotidien des maigres ressources de ce pays pauvre très endetté qui nous mobilise au quotidien.

À propos, quels sont les candidats à la présidentielle qui ont intégré la capture obligatoire du dividende démographique dans leur programme de gouvernance ? Personne, du moins pas à notre connaissance. Ils sont quasiment tous dans la politique politicienne, la polémique stérile, le folklore, la recherche effrénée du buzz et des vues sur les plates-formes digitales.

Veiller à la Capture du dividende démographique

Or, les enjeux sont immenses et la mission du régime qui dirigera ce pays à partir de février prochain est colossale. Il s’agira de véritables travaux d’Hercule pour réinventer l’espoir, l’entretenir et le matérialiser. L’espoir est le carburant de toute vie sur terre. Il fait vivre dit un célèbre adage et ces milliers de jeunes qui quittent le Sénégal au quotidien pour trouver un ailleurs meilleur ont juste perdu tout espoir. Justement cette capture du dividende démographique que des Institutions comme la CEA et le FNUAP appellent de leurs vœux, passera forcément par une prise en main intelligente de cette frange vulnérable mais ô combien capitale de la nation sénégalaise.

Les statistiques du tout dernier recensement général font froid dans le dos ; c’est vraiment flippant de constater que 75 % de la population nationale a moins de 35 ans. Mieux ou pis( c’est selon), 50% de la population a moins de 19 ans. Il faut travailler à encadrer et canaliser toute cette jeunesse, sorte de bombe sociale en errance…C’est notre mission historique d’autant que la jeunesse d’un pays ne doit jamais être analysée sous le prisme d’un boulet à traîner mais d’une réelle opportunité de développement.

C’est d’ailleurs tout le sens de cette notion souvent galvaudée de dividende démographique. Pourtant sa compréhension est simple : il faut juste faire de ce rajeunissement irréversible de la population sénégalaise un atout et non un problème. A titre d’exemple, la vieille Europe connaît plutôt un vieillissement inquiétant de sa population ; ce qui pose réellement problème en termes de disponibilité de la main d’œuvre .C’est d’ailleurs l’une des raisons de cet empressement à faire des pas géant dans l’intelligence artificielle. Tout est lié.

Pour garder espoir et performer, cette jeunesse sénégalaise qui dégage une énergie débordante a donc besoin d’être formée à bonne école avec des curricula techniques qualifiantes loin des standards dépassés de l’enseignement général. Elle a aussi besoin de rester en bonne santé et d’une nourriture saine et équilibrée à travers une agriculture robuste et moderne.

Ce qui est clair pour les pouvoirs publics, c’est que pour récolter un quelconque dividende démographique, les politiques économiques mises en œuvre annuellement ou à travers des plans stratégiques de 5 ans doivent capitaliser fortement sur cette jeunesse fer de lance de notre vivre-ensemble. Ces politiques doivent être résolument tournées vers la création d’emplois massifs pour la bonne stimulation d’une croissance économique inclusive touchant donc tous les segments de la population. On ne saurait réinventer la roue et ce n’est visiblement pas la mer à boire pour l’implémentation d’une telle vision basée essentiellement sur l’absorption de la jeunesse dans les nombreuses niches d’emplois mais aussi l’autonomisation des femmes qui forment une couche vitale de nos espaces de vie.

Comme le disait à avec justesse le célébre scénariste et réalisateur américain Garson Kanin : « La jeunesse est un cadeau de la nature mais la vieillesse est un art ». Autrement dit, la synergie de ces deux segments de la société est naturelle. Même s’il faut préciser que tout ce qui se fait pour la jeunesse, sans la jeunesse est finalement contre la jeunesse.

Mamadou Lamine DIATTA

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