Le Téra meeting, la rupture en grandeur nature
Le Téra meeting du Président du Pastef, Ousmane Sonko, organisé ce 8 novembre 2026 était d’une ampleur inédite par la puissante mobilisation de la jeunesse et des masses populaires de la Capitale, mais aussi de tous les départements du pays, de la sous-région et même de la Diaspora. Il était une démonstration de force, l’affirmation de Sonko comme le dirigeant politique incontestable de la révolution en marche. La ferveur de la mobilisation et les symboles d’animation épousaient même les contours des grands évènements religieux comme les Magals ou les grands rassemblements communautaires traditionnels, démontrant ainsi le profond enracinement culturel du mouvement politique de transformation révolutionnaire. Sonko le voulait ainsi, une célébration de son mouvement, la réaffirmation de son projet politique pour le Sénégal. Pourquoi ?
Débloquer le processus révolutionnaire confisqué
Après 18 mois de Gouvernance, le leader du Pastef a fait le bilan de la gestion politique. Il a constaté qu’au niveau de l’État, de sérieux obstacles empêchent l’accélération des changements dans l’administration, la justice, la sécurité, entre autres. En effet, des réseaux de l’ancien régime sont encore actifs au niveau même de la Présidence de la République, des autres institutions de l’État et continuent d’agir pour bloquer les initiatives de ruptures. De même, des ennemis déclarés du Pastef et de son Président sont nommés à des postes de responsabilités, contrairement aux principes admis par la nouvelle gouvernance de filtrer les nominations et les recrutements en appliquant le principe de performance : « mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut ». Les critères définis étant la probité morale, l’engagement politique pour le Projet et l’expertise professionnelle. Mais les forces internes coordonnées par l’APR et le cabinet extérieur de l’ancien Président Macky Sall, travaillent à saborder la révolution par des pratiques de sabotage, le discrédit, les mensonges et manipulations de toutes sortes. A ce combat d’arrière-garde, participent des mercenaires de la presse, des éléments de ladite « société civile », des intellectuels apatrides, des courtiers affairistes et des aventuriers de tout acabit. L’objectif stratégique est de bloquer partout les ruptures envisagées par le Pastef pour maintenir le système à tout prix. L’angle d’attaque visé est principalement la désintégration du binôme dirigeant Diomaye-Sonko, combinaison politique largement plébiscité pour réaliser au Sénégal un programme de développement souverain et de prospérité collective à l’horizon 2050.
La stratégie de la désinformation, de la manipulation et du discrédit
L’objectif politique fixé est d’arriver à séparer les deux dirigeants, liés pourtant par un pacte d’amitié dit indissoluble. Pour cela, il est déployé un arsenal d’une communication mensongère, agressive et déstabilisatrice. Cela a commencé par une fabrication insidieuse de l’image antinomique des deux dirigeants : Sonko méchant vindicatif et brutal, Diomaye calme, intelligent, ouvert au Dialogue, le premier vengeur, le second lucide et pardonneur, le premier rebelle et intraitable, le second, la finesse de l’esprit républicain. Mais l’effet escompté en ce qui concerne Sonko fut un échec, car son modèle d’engagement politique, son style de communication, sa baraka lui assurent de manière grandissante, l’amour et la confiance du peuple.
Le Téra meeting en est une illustration par l’engagement et la grande mobilisation des masses. La manipulation sur l’image négative du Président Sonko, mais aussi toutes les tentatives de nier la dette cachée pour blanchir l’ancien régime de Macky Sall et faire faire porter les difficultés vécues par les ménages à la gouvernance du Premier Ministre Sonko, ont échoué. L’accélération des dossiers judicaires contre de nombreux responsables de l’ancien régime dont certains ont fui le pays, a créé parmi bon nombre d’entre eux, un profond sentiment d’inquiétude sur leur avenir qui semble definitivement compromis. C’est alors que le discours fut de dénoncer « la justice des vainqueurs » et d’appeler à absoudre les crimes de sang et à accorder le pardon aux prédateurs financiers. Cela les a naturellement poussés à adopter une ligne de défense par l’offensive et « la méthode par l’émotion », pensant ainsi en finir avec le dirigeant Ousmane Sonko. Cette stratégie de combat par la diversion est une vaine tentative de déplacer la contradiction de son centre vers ses flancs.
En effet, la contradiction fondamentale qui les oppose au Président Sonko porte en vérité et en réalité sur le contenu politique de la transition et sur l’éthique de gestion sur lesquels ce dernier reste intraitable. La question se résume ainsi : est-ce que la gouvernance de Pastef au pouvoir doit être la continuité du conservatisme politique qui a détruit le pays au profit d’une minorité prédatrice, ou doit-elle entamer une rupture avec le système d’allégeance à l’impérialisme pour un développement souverain intégral du peuple sénégalais ? La réponse claire à cette question est donnée dans l’option révolutionnaire de la ligne du Parti Pastef, confirmée par le vote majoritaire du peuple sénégalais à la dernière élection présidentielle.
Les alliés de la coalition Diomaye Président montent au front
Le contexte de l’accélération des procédures judiciaires pour traduire le Parrain Macky Sall pour Haute trahison nationale, mais aussi celui de l’ouverture imminente de dossiers pour détournement les concernant, ont poussés certains à monter aux créneau pour encourager une crise ouverte entre le Président Diomaye et son Premier Ministre Ousmane Sonko. Une telle crise aurait l’avantage de polariser l’attention de tout le pays, suspendrait l’examen de leurs dossiers judiciaires et surtout, serait l’occasion d’affaiblir et d’éliminer politiquement Sonko, selon des scénarios déjà concoctés conduisant le Président Diomaye à être leur candidat à l’élection présidentielle de 2029. C’est la tactique du faible qui dans le combat, ne peut se placer dans une position avantageuse, face à un adversaire doué d’une grande intelligence politique et maitrisant parfaitement le terrain de la confrontation. Cette tactique aventuriste des Alliés de la coalition Diomaye Président, constitue un défi à la jeunesse sénégalaise qui de toute évidence va le relever car elle en a suffisamment les ressources et l’a déjà prouvé. Tout compte fait, l’analyse critique de la situation indique un risque certain pour le Président Diomaye dont l’avenir politique est de rester dans les rangs et d’appliquer la ligne de rupture définie par son Parti, le Pastef.
Le passeur capté en plein envol ?
L’histoire documentée nous dira si ce projet de confiscation de la révolution n’était pas déjà mis en branle dès que l’ennemi impérialiste et leurs agents ont appris que Diomaye allait servir de passeur à Sonko pour la Présidence. Cette solution tactique trouvée par le Pastef face à la disqualification de son candidat à la présidentielle, serait alors paradoxalement le point faible choisi pour opérer la division et disloquer le bloc politique dirigeant. A défaut de pouvoir endiguer le mouvement populaire dirigé par le Pastef, Il a fallu procéder autrement et méthodiquement, travailler habilement à diviser le pôle politique dirigeant et le disloquer, appliquer la loi selon laquelle, « le poisson pourrit par la tête ».
En effet, tout binôme de cette nature et à ce niveau du sommet de l’État, porte des germes de rivalité, de volonté personnelle de puissance, un égo de contrôle politique hégémonique. Une telle configuration de partage du pouvoir présente en effet des risques de fissures et même d’éclatement sous le travail de pressions multiples d’un certain entourage. C’est souvent le cas ainsi lorsque les conflits d’intérêts politiques stratégiques atteignent leur point culminant. Alors, la force de l’amitié indéfectible, la solidité des liens de parenté, les souvenirs partagés ou le serment de fidélité, n’ont plus aucune prise pour conjurer la trahison possible.
Le contexte trouble d’une décision capitale
Il n’y avait pas meilleure prise que diviser le binôme, séparer les deux hommes et disloquer ainsi leur menaçante unité politique. Que s’est-il donc réellement passé durant cette courte période politique trouble et confuse où le Parti Pastef a été dissous, ses cadres et militants objets d’emprisonnement et de répression aveugle ?, Qu’en est-il des négociations entamées discrètement en prison ? Que s’est-il donc réellement passé après la libération ? durant la période de l’élection présidentielle ? à la formation du Gouvernement ? Qu’en est -il des différents acteurs, de la position et du rôle de chacun, de la Direction politique du Pastef, des personnalités ayant joué de la médiation ? Des informations documentées, des témoignages véridiques, des analyses critiques permettront de percer l’énigme d’une puissante révolution populaire menacée de confiscation dès ses premiers rayons du soleil.
La question fondamentale
Y’a-t-il eu un deal politique qui explique l’attitude de continuité et le conservatisme politique de Diomaye dès son installation au pouvoir ? Y’a-t-il des divergences de fond sur la vision et la philosophie politique que les circonstances n’ont pas permis de relever entre les deux hommes et au sein du Parti ? Quelle est la part des sentiments d’amitié et d’estime réciproque dans toute cette situation ? Cependant, seule la pratique est le critère de la vérité. Celle-ci finit toujours par apparaitre au grand jour, en dépit des tractations et stratagèmes des hommes. En tout état de cause, un malaise grandissant semble s’être installé entre les deux hommes portant sur la ligne de gouvernance symbolisée par le Balai : nettoyer et assainir la maison, en finir avec les Kulunas, selon l’expression populaire. En fait, Sonko est intervenu pour pointer les nombreux faits d’immobilisme injustifiables et les goulots d’étranglement dans l’appareil d’État. Il les a même évoqués une fois dans une déclaration publique. Cela n’a pas pour autant réglé ce qui semble évoluer en un regrettable contentieux politique. A quel niveau sommes-nous d’une potentielle rupture ou allons au contraire, assister à une remise en ordre souhaitée et à une nouvelle entente solidaire des deux dirigeants autour du Projet ?
Ce sont les masses qui tranchent en politique
Le Téra meeting du 8 novembre dernier est manifestement un point culminant d’une clarification nécessaire des enjeux sur la ligne et la direction politique du Projet révolutionnaire. Il concentre tous les enjeux de l’heure et indique en même temps les réponses politiques qu’exige la situation. La portée politique de cet immense rassemblement est dans la méthode Sonko : appeler chaque fois les masses à trancher les questions cruciales en politique. Ce vibrant meeting n’avait qu’un seul but : faire descendre la Haute politique des sphères feutrées des institutions, des appareils et des États-majors pour ramener tous les débats à la délibération critique et enthousiaste des masses. C’est donc une étape d’accélération du mouvement général d’émancipation du peuple sénégalais, une ébullition de la conscience politique des masses, l’ouverture d’une étape de lutte supérieure. La symbolique du balai cesse d’être la référence du fait du conservatisme toujours intact ; un nouveau symbole le remplace, plus radical, celui du raxass, du lavage à grande eau pour purifier l’espace politique et nettoyer le pays proprement de la gangrène néocoloniale, de ces vampires qui depuis l’indépendance sont une caste politique de partisans qui parasitent l’appareil d’État et ses institutions, encerclent le pays et sucent impunément le sang du peuple.
Le syndrome du 2e mandat 2029
Mais l’esprit reste unitaire, celui toujours ouvert au duo Diomaye/Sonko car a aucun moment le Président de la République n’a reçu de critique de la part de Sonko qui s’adressait aux membres de son parti et aux sympathisants. Il s’agit jusqu’ici de sauvegarder l’option prise par le Pastef, celui d’une rupture souveraine et d’un programme économique d’abondance autour du binôme. Car tout compte fait, la révolution au Sénégal semble irréversible dans un continent et un monde revigorés par les farouches luttes d’émancipation politique, sociale et culturelle des peuples et nations violentés et spoliés. La jeunesse sénégalaise et les masses sont devenues les sentinelles de leur propre révolution. Elles en connaissent les enjeux, maitrisent le terrain et impatients, veulent les ruptures salutaires. Cette révolution est devenue irrépressible et aucune manigance politique électoraliste ne peut prospérer au-dessus de cette réalité tangible, impétueuse ! Il est impératif au Président Diomaye de se délivrer de l’emprise funeste d’alliés inconsistants et opportunistes et de se prémunir moralement du syndrome fatal d’un deuxième mandat en 2029 qui écarterait le Président Sonko et son Parti Pastef du champ de la compétition politique démocratique et le placerait, lui et ses nouveaux alliés de l’ancien système, à la tête du Sénégal pour de nombreuses années. Le message du 8 novembre est que la politique est un vaste terrain de football où pour gagner, il faut jouer franc jeu et avoir le soutien de son public. La balle est dans le camp du Président Diomaye. Il ne doit surtout pas marquer… contre son propre camp !
Youssoupha Mbargane Guissé
