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Isra : un nouveau parc technologique pour vulgariser les résultats de la recherche

 Le Centre régional d’amélioration de l’adaptation à la sècheresse (Ceraas), créé au sein de l’Institut sénégalais de recherche agricole (Isra) et implanté à Thiès, mise sur un parc d’innovation agricole dénommé ‘’Technology Park’’ pour vulgariser davantage les résultats de ses recherches. Le ‘’Technology Park’’, installé en juillet dernier, est une ferme de 20 hectares où sont appliqués, grandeur nature, les résultats des recherches menées dans les centres de l’Isra. 

Ce parc technologique de démonstration des inventions agricoles a été financé par le Ceraas et l’Université d’Etat du Kansas (Etats-Unis), pour une durée de cinq ans, soit jusqu’en 2025, selon son responsable, Aliou Faye.  ‘’L’Isra et ses partenaires ont eu à développer beaucoup d’innovations en matière d’agriculture, mais il a été constaté que l’adoption de ces innovations par les agriculteurs reste encore très faible, moins de 30%’’, a souligné M. Faye. Il faisait visiter le site à des chercheurs de Bambey et de Thiès, ainsi qu’à des journalistes, dans le cadre d’un partage des résultats de la recherche.  Il a évoqué “un diagnostic de la situation” dont les résultats ont, selon lui, montré que la faible adoption par les paysans des innovations de l’Isra s’explique par une ignorance de leur existence ou une déception à la suite d’un test.  Le paysan n’ayant pas beaucoup de moyens n’est pas enclin à réitérer une expérience qui n’est pas concluante.  Et pour éviter toute ‘’erreur’’ pouvant mener au rejet d’une technologie, l’Isra a construit le parc technologique. Il s’agit d’un ‘’endroit où on met en démonstration grandeur nature les innovations découlant de la recherche, en s’assurant [du respect du] protocole de recherche mis en place’’.

Pour démarrer l’expérience, l’Isra a emblavé des parcelles de nouvelles variétés agricoles qu’il a développées, en les mettant côte à côte avec d’autres variétés traditionnelles, pour mettre en exergue la différence des rendements. Trois variétés de mil (‘’taaw’’, ‘’yaakar’’, ‘’rafet kaar’’), cinq variétés de sorgho, neuf d’arachide, sept de niébé, 13 variétés de sésame, dont cinq homologuées au Sénégal, ont été semées.  Ce sont des semences qui présentent des avantages comparatifs en termes de rendement, de qualité nutritionnelle pour l’alimentation humaine et de production de biomasse pour le fourrage.  

La variété hybride de mil ‘’taaw’’, par exemple, plus riche en zinc et en fer, est bénéfique pour l’alimentation des enfants, selon Ousmane Sy, chercheur à Bambey.  Après avoir démarré avec les innovations relatives aux nouvelles variétés de semences, fruit d’une dizaine d’années de recherche, le parc va maintenant se lancer dans l’exposition d’autres technologies liées à la pratique agricole ou à la gestion des cultures. Quatre systèmes d’irrigation et une fosse compostière y sont déjà installés.  ‘’Pour l’avenir, nous avons identifié au moins 23 innovations qui tiennent compte de toute la chaîne de valeur des cultures, de la production à la consommation en passant par la transformation’’, a indiqué M. Faye. Il regrette que ‘’beaucoup de résultats de recherche dorment dans les tiroirs’’.  Les promoteurs du parc technologique prévoient de présenter des machines à transformer le mil, l’arachide et le fonio, en plus des visites guidées, qui seront organisées à l’intention des paysans de la zone, pour leur faire observer la différence entre la pratique paysanne traditionnelle et les innovations mises au point par la recherche.  D’autres mini-parcs sont prévus dans les autres centres de l’ISRA, dans la même optique : vulgariser davantage les innovations locales.  Outre l’Agence nationale de conseil agricole et rural, l’ISRA peut aussi compter sur le Réseau des organisations paysannes et pastorales du Sénégal, constitué de milliers d’agriculteurs et d’éleveurs, pour disséminer ses technologies.  Les innovations seront également vulgarisées dans la sous-région, dans le cadre d’un autre projet sous-régional soutenu par le même partenaire, l’Université d’Etat du Kansas, dont M. Faye est le coordonnateur pour l’Afrique.

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