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Dakar – Touba : réflexion sur la pandémie et la recherche de remèdes initiatiques

En mars dernier, après le premier cas détecté à Touba de Covid-19, lors du Magal de Porokhane, on a effectué un petit reportage de Dakar à Touba en passant par Diourbel. Dans le car, ça ne toussait pas à l’aller ; puis de Diourbel à Touba, toujours en mini car, là ça tousse à demi voix retenue. Et au retour, de Touba à Dakar, la vérité toute crue du risque de propagation par transmission communautaire en cascade ; un risque qui oscille entre virtualité des infections respiratoires et l’invisibilité des infectés probables à identifier par traçage.

Le pont de la réflexion est grand et laisse peu de place au hasard des discours consistant à prévenir ou à sensibiliser et qui se cachent derrière maints a priori qui ont maintenant le droit de faire surface après de longues nuits de refoulement et d’hibernation. Le coronavirus est passé par là !

Si l’on doit estimer le nombre de contacts directs qui s’est produit entre le 1er sénégalais émigré en Italie, qui s’était déplacé au pays pour les besoins du Magal de Porokhane en contaminant ses proches familiaux, et le reste de la population de Touba, dès lors considérée comme épicentre de l’épidémie, on doit aussi s’intéresser à savoir le nombre de contacts directs ayant été établis avec d’autres compatriotes et familles hors Touba pour mesurer l’incidence des déplacements des gens de Touba à l’intérieur du Sénégal à partir de Touba, avant l’interdiction du trafic interurbain.

Sept mois après, la tenue du Grand Magal est venue démentir tous ces a priori injustifiés ou justifiables. De là à dire que Touba est le foyer d’expansion du coronavirus, il nous fallait alerter, très tôt, sur les autres voies aériennes, terrestres et maritimes d’afflux de personnes en provenance de zones infectées qui réussissent à entrer dans le territoire sans avoir été contrôlées. Et aujourd’hui, le temps vient de nous donner raison, puisque les cas importés ont franchi le chiffre de 109 en 20 jours, durant ce mois d’octobre, et surtout, 18 cas en une journée quand le bulletin épidémiologique d’hier mardi 20 octobre étalait zéro cas contact suivi. C’est dire comment les cas importés sont la source de la présence de la pandémie au Sénégal, et continuent de prouver que le Sénégal ne maîtrise pas l’afflux d’étrangers sur son territoire en pleine pandémie, à l’instar des autres pays du monde où les restrictions, malgré leur assouplissement ne laissent pas franchir aussi facilement les frontières de pays organisés et conscients de l’état de santé de ses populations.

Les migrants du nord continuent d’affluer au Sénégal, notamment en débarquant à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), principale porte d’entrée au Sénégal par aéronef. Voilà le plus gros péril en la matière. Cependant, en revenant de Touba en mars dernier, tous les voyageurs qui étaient entassés dans les mini cars et les voitures 7 places, les autobus Dakar dem dikk et les autocars Tata, étaient censés prendre leur part de contagion asymptomatique au cas où un ou une passager-ère atteint-e ou affecté-e aurait pu en affecter une ou plusieurs autres personnes au tousser comme à l’éternuement. C’était cette phobie qui faisait craindre que Touba ne devienne l’épicentre du nouveau coronavirus au Sénégal, vu la concentration humaine de cette contrée. Mais au final, c’est Dakar qui remporte la palme, notamment avec 8521 cas positifs, contre 608 pour la ville sainte de Touba. Selon les chiffres du ministère de la Santé et de l’action sociale, du 1er au 19 octobre 2020, 91 cas importés ont été enregistrés sur un total de 440 cas positifs, soit un taux de 22%. Et dans les dernières 48 heures (19-20 octobre), 24 cas importés sont notés sur 41 cas positifs, soit un taux de 61%, avec 18 cas importés comptabilisés ce mardi 20 octobre.

Dans ce contexte de riposte face à la pandémie, même si les salutations (mains serrées) ont repris, le lavage des mains encore négligé, la prise de température au thermo flash, la distance physique (d’un mètre au moins) normative entre personnes juxtaposées en rétraction, rien ne laissait présager autre chose que la pire crise sanitaire à laquelle le pays n’aura jamais eu à faire face. Aussi, la décision de revoir la durée du test Rt/Pcr au Covid-19 imposée aux voyageurs ne reflète autre chose côté ministère de la Santé et de l’action sociale que les prévisions pessimistes qui animent les autorités, malgré un net recul de la pandémie dans le pays. Et pourquoi ? À cause de la recrudescence des cas importés, qui feraient plus de mal que les cas communautaires que l’on craignait dans l’impossibilité du traçage et de la mise en quarantaine systématique et générale suite à dépistage massif.

Les prochaines semaines et les jours qui arrivent nous en diront davantage si les cas importés ou le grand Magal de Touba ont donné pour réponse des cas de contamination exagérés ou bien réels en fait. Ce qui va permettre de se prononcer sur le bon pronostic à faire quant à oui ou non à l’organisation du Gamou le 29 novembre dans une ville comme Tivaouane.

Pour rappel, aussi bien les structures de santé avec service de réanimation que l’Institut Pasteur, craignaient de se voir dépassés et submergés. La crainte de la saturation des hôpitaux, aux moyens insuffisants avec des équipements obsolètes ne pouvait servir de prétexte pour donner un cachet particulier et si coercitive à stratégie de riposte nationale contre la propagation de la pandémie. Dans cette dynamique, on s’imagine mal quel aurait été sera le sort des Sénégalais sans le couvre-feu, sans l’état d’urgence, sans le port obligatoire du masque, sans la fermeture des frontières, des mosquées et autres lieux de culte et de spectacles, si, dans les heures qui ont suivi la détection du 1er cas, la communication institutionnelle n’avait pas été polarisée pour faire focus uniquement que sur le nouveau coronavirus, tous les jours à 10 h.

Les circonstances atténuantes – naturellement- ont vite été trouvées par la loi d’habilitation pour adoucir les conditions économiques difficiles créées suite à la présence de la pandémie et qui sont les nôtres partagées, à tous les niveaux de la société. Un désastre économique que ni l’aide alimentaire d’urgence ni les fonds Covid de résilience économique ne pourront réparer, encore moins le Plan de relance économique mis en œuvre.

Mais, si les autorités étatiques ne jugent pas bon de refermer les frontières jusqu’à nouvel ordre, pour limiter les dégâts que causent les cas importés à la stratégie nationale de riposte face à la pandémie, les résultats risquent d’être encore plus surprenants, malgré l’incitation à l’observation des mesures barrières édictées par le ministère de l’Intérieur et le ministère de la Santé et de l’action sociale, pour cantonner l’économie sénégalaise au stade de stagnation plutôt que le décollage escompté avec les projets structurants du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré, deuxième phase du Plan Sénégal émergent (Pap2a) dans le monde de l’après-Covid-19.

Ainsi, pour retrouver sa situation d’avant, le Sénégal devra relever d’autres défis qui sont autant de conséquences nées de la présence et du traitement de la pandémie du nouveau coronavirus dans le pays, pour retrouver une croissance projetée à deux chiffres d’ici 2023.

On le voit donc, ce ne sont pas les ressortissants nationaux originaires des autres états de la Cedeao et du monde qui vont venir au Gamou à Médina Baye ce 29 octobre, ni les pèlerins en visite et ziar à Touba lors du Grand Magal 2020 du 6 octobre dernier qui sont à criminaliser dans ce cas de figure comme porteurs potentiels de Covid-19. Mais ils sont les vecteurs de la relance économique tant souhaitée pour une reprise des activités et un bon fonctionnement des circuits de production et de distribution, au ralenti des mois durant pour espérer réaliser un bon chiffre d’affaire en fin d’année.

Par contre, tous ces étrangers qui quittent leur pays pour atterrir au Sénégal et espérer pénétrer sur le territoire sans passer par le filtre du test anti Covid-19, sans provoquer la mise en quarantaine des passagers qui ont voyagé avec ces personnes, sans penser à les interner pour observation durant la période d’incubation, viennent trouver refuge sous le soleil au Sénégal et se voir offrir une bonne prise en charge médicale qui permet d’espérer guérir et s’en sortir, vu les cas avérés d’infection de personnalités du pays qui ont échappé au virus et ont été soignées et guéries. Ce qui explique que, d’abord comptés au compte-goutte, puis enregistrés en sept et dix cas, les cas importés atteignent 18 cas en une journée.

Aussi, les mesures d’ordre pratique comme le laver systématique et récurrent des mains, abondamment à l’eau et au savon, ou avec une solution hydro-alcoolisée, le port obligatoire de masque pour trois mois encore, le respect de la distanciation d’un mètre ou trois mètres, et le nettoiement régulier des surfaces digitales communes aux personnes qui fréquentent les mêmes outils et les mêmes instruments de leur lieu de travail, ne sont plus des pratiques à la mode comme au tout début de la pandémie. Or ces mesures préventives, même si les équipements de protection individuelle (Epi) ne sont disponibles en quantité pour toutes les personnes exposées, ni les consignes rappelées suffisamment aux usagers des centres de santé et des moyens de transports publics ou tous lieux publics de réception, doivent de rigueur et de tout temps, même au domicile, dans le couple, au foyer, à l’école, au bureau, su service (lieux de travail). Hors cette praxis nouvelle point de salut pour une relance économique post- Covid-19 efficace et pérenne pour sortir l’économie sénégalaise de l’ornière.

Si les sujets concernés ont bien volontairement approché les services sanitaires et accepté les soins et le traitement sous protocole au début de la pandémie, aujourd’hui, à quoi sert-il de continuer à annoncer les morts enregistrés pendant que d’autres phénomènes provoquent un taux de létalité plus élevée ? Si tant est que la propagation du Covid-19 connaît un endiguement – comme on le voit actuellement, sauf en Europe – pourquoi les cas importés devraient constituer un fléau qui risque d’annihiler les efforts déjà entrepris par le Pap2a (ajusté et accéléré) pour accroître les dégâts et faire rebondir le taux de létalité chez nous ?

La famille Omarienne et la tarikha Tidiane de Tivaouane ont décidé de ne pas célébrer le Gamou (célébration de la naissance du prophète), pour continuer à observer les mesures édictées, malgré leur assouplissement préconisé. Chacun, chacune, musulman ou musulmane, chrétienne et chrétien, est libre d’invoquer l’intercession du prophète Muhammad (Psl) ou du Prophète Issa pour faire reculer la pandémie. D’autres peuvent implorer leurs guides en qui ils espèrent pour se tirer d’affaire. Quant aux partisans d’autres religions non agréées, ou bien ils adhérent à la thèse de la main invisible qui est la cause du châtiment divin, ou ils démissionnent de Dieu et font confiance à l’Oms, aux autorités sanitaires de leur pays ou aux savants et chercheurs, à pied d’œuvre pour trouver un vaccin. Sinon, toute compréhension rationnelle de ce nouveau virus sera rendue impossible, en tout cas est hasardeuse. Cela dépasse l’entendement humain, par l’ampleur des morts d’échelle allant crescendo sans espoir de freiner la pandémie actuellement dans les pays d’Europe. La sélection naturelle est à ce prix. Si ce n’est pas du malthusianisme pour contrer la surpopulation mondiale c’est du Hobbes tout craché. La théorie de la sélection naturelle darwinienne prétend que l’évolution tend à une élimination naturelle des individus les moins aptes dans la lutte pour la vie (survie ici) permettant à l’espèce humaine de se perfectionner de génération en génération. Le nombre de touristes qui continuent de débarquer dans nos aéroports (Diass, Cap Skiring, Saint Louis) est un indice intéressant à scruter.

LEYE Khaly Moustapha (Ras Staf)

Consultant correcteur de presse à quotidien Tribune (Groupe Dmedia)

Coordonnateur Mouvement Farafina Dambé pour la Renaissance africaine au 21ème siècle

+221.77.850.66.12 ; cradif.bgom@hotmail.com, mfdafdaoras21@gmail.com,

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