Face à la presse ce 02 aout, en marge du lancement de la compilation « Jahowo Democracy » produite par Guédiawaye Hip Hop, en partenariat avec Osf Africa, Malal Talla s’est prononcé sur la tension politique que subissent de plein fouet les Sénégalais. Il invite au premier chef l’État à faire des efforts allant dans le sens de la cohésion sociale et de la pacification de l’espace public.
L’actualité est marquée par l’emprisonnement du leader de Pastef et la dissolution de son parti. En tant qu’activiste et porteur de voix comment appréciez-vous cette situation ?
On a assisté avec désolation, effectivement, à l’arrestation d’Ousmane Sonko, puis son emprisonnement, et puis après, enfin, la dissolution de son parti. Il faut simplement dire que dissoudre le parti Pastef, c’est une défaite de la démocratie. Ça n’honore pas la démocratie sénégalaise, c’est vouloir effectivement organiser des élections qui ne sont pas du tout inclusives. À mon avis, la démocratie doit être au-delà de la personne d’Ousmane Sonko. Il y a certes Ousmane Sonko qui est une seule personne, mais il y a des milliers de personnes qui voudraient peut-être voter pour Ousmane Sonko. Empêcher ces personnes d’avoir l’opportunité de voter pour Ousmane Sonko à travers la dissolution de son parti, c’est fondamentalement la défaite de la démocratie.
L’incendie criminel d’un bus à Yarakh a fait deux morts et cinq blessés. Que faire pour enrayer l’escalade de la violence ?
J’ai toujours dit que la violence ne règle absolument rien. On n’a pas le droit d’embraser le Sénégal. Majoritairement, ceux qui sont dans ce pays ne font pas de la politique, ne font pas partie des partis politiques. Il faut aussi considérer cette majorité de Sénégalais qui n’a fait allégeance à aucun parti politique, qui ne se réclame d’aucune idéologie politique. Cette majorité-là, il est important de la respecter. Nous sommes 17 millions de Sénégalais. Nous devons travailler, nous devons faire de l’argent, nous devons marcher en paix et en liberté dans nos rues. Nous devons continuer à danser, nous devons continuer à chanter, mais dans le respect du droit. Et pour moi, l’État du Sénégal doit impérativement faire des efforts dans le sens de la cohésion sociale, doit faire des efforts de pacification de l’espace public. En premier, le pouvoir en place et puis aussi les partis politiques suivront.
Qu’en est-il de la série d’arrestations jugées arbitraires ?
Ça c’est depuis très longtemps. On arrête les gens pour des délits d’opinion. C’est à dire qu’aujourd’hui, il ne faut plus parler. Il ne faut pas encourager ceux qui étouffent les voix alternatives. Tout le monde doit parler. Chacun doit prendre la parole parce que c’est ce qui permet à la démocratie d’être vivante. Dans un pays où personne ne parle, où les voix alternatives sont étouffées, la démocratie est à l’agonie ou même la démocratie est morte.
Source : Tribune
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